Max Payne. A chaque fois que j'entends le nom de ce jeu d'action que je le lis, il résonne en moi. Tel un écho du passé. Et il en va de même pour pléthore de joueurs. Seulement voilà, pour moi c'est différent car voyez-vous, je n'ai jamais fais les deux premiers titres de cette franchise, étant beaucoup trop jeune pour ce genre de jeux à l'époque où ils sont sortis. Néanmoins, je me souviens de mon frère aîné, installé devant l'ordinateur, en train d'y jouer, moi le regardant de temps à autres lorsque ce n'était pas trop violent (quand bien même, je n'y comprenais rien de toute façon). Mais ce qui m'a marqué, ce qui a fait que ce nom, Max Payne, ait pu subsister au travers du temps dans mon esprit était l'engouement de mon frère pour ce jeu. Tout ce dont je me souviens, c'était qu'il l'avait adoré. Depuis, je m'étais fais comme promesse de découvrir cette série, qualifiée de mythique par moult personnes. Et c'est ce que j'ai fais en faisant Max Payne 3.
Max Payne est le parangon même du type qui n'a plus rien à perdre, qui vit au jour le jour. Ex-flic new-yorkais, alcoolique endurci et défoncé aux antalgiques jusqu'à la racine des cheveux, Max Payne a des allures de poète maudit. Sa vie sentimentale, personnelle a tragiquement basculé du jour au lendemain quand deux voyous drogués ont brutalement assassiné sa femme et sa petite fille. Dévasté, le bonheur et la chance l'ont quitté à jamais pour laisser la place à la vengeance et l'acharnement. Pourtant, il réussit toutes les missions, aussi suicidaires puissent elles être, qu'il entreprend. D'un côté épave ambulante qui n'entraîne que chaos et désespoir sur son chemin, de l'autre homme d'action hors pair, artiste des armes qui survit là où un autre mieux luné aurait péri. La mort n'est pas prête à accueillir Max Payne, bien qu'elle l'accompagne où qu'il aille. Plus qu'atypique, Max Payne est donc de ces protagonistes qui nous présentent certains des versants les plus sombres de la vie. Et le vieux Max le fait à merveille, au détour d'un bon verre de rhum précédant une fusillades sanglantes ponctuée de shoots aux analgésiques. Jouissant d'une personnalité hors normes, Max Payne est un personnage marquant, que l'on n'oublie pas de sitôt, offrant une expérience de jeu unique en sa douce compagnie.
L'immersion se fait d'entrée de jeu. Dès les premières minutes, une information capitale nous est donnée : Max Payne 3 est un jeu d'actualité et réaliste au niveau de son scénario, rythmé par une narration irréprochable et savamment réalisée. Quelques instants plus tard, on peut déjà supposer une seconde chose (qui sera vérifiée tout au long de l'aventure) : Max Payne est un véritable aimant à emmerdes. Cet homme las, cette coquille vide qui s'efforce à s'auto-remplir d'alcool à longueur de journée, attire les pires embrouilles, les échauffourées les plus sanglantes comme il respire. C'est sa nature profonde depuis qu'il a tout perdu à New York. Et sa reconversion en garde du corps offrant ses services au plus offrant - chose qu'il aime appeler sa retraite"- à São Paulo ne vas pas y changer grand chose. Chargé de protéger la famille d'un riche magnat de l'immobilier, Rodrigo Branco, en compagnie de son collègue, Raul Passos, c'est sa dernière chance pour fuir son passé. Mais la situation dégénère et ce cher Maxou se retrouve seul dans les rues d'une ville étrangère, à la recherche de la vérité. Il va alors devoir se battre pour échapper à cette situation impossible, qui le caractérise à merveille.
Max Payne est de ces hommes à la mine patibulaire qui préfèrent d'abord tuer pour ensuite interroger tranquillement.
L'aventure, divisée en 14 chapitres, a de quoi occuper pendant une bonne dizaine d'heures, car le challenge est au rendez-vous, même en mode normal. Certains chapitres se présentent sous la forme de flashbacks, nous aidant à comprendre comment ce bon vieux Max a finit par quitter les rues sombres et les bars crasseux de New-York pour poser ses maigres valises à São Paulo et écumer les boîtes de nuits branchées de cette ville aussi ensoleillée que corrompue. Ces flashbacks interviennent généralement lors des quelques moments de lucidité de Max où, légèrement moins bourré, il se rend compte de l'ampleur d'évènements longtemps après qu'ils se soient déroulés. Ceci étant, notre bonhomme est honnête avec lui même quand il dit par exemple "Je ne suis pas au bord du gouffre. Je suis déjà au fond." et décide de se reprendre en main. On observe ainsi une évolution du personnage, habilement menée, car elle se fait progressivement, par à coups, lui permettant de ne pas arriver brusquement et de manière imprévisible tel un cheveu sur la soupe.
Max Payne 3 est un jeu intelligent. Intelligent car dans les moments où vous pouvez être en difficulté et où vous ne cessez de mourir, le jeu s'adapte à votre niveau présent et vous donne de quoi surpasser cet instant pour pouvoir souffler un peu. Cela se présente de manière générale par un renflouement de votre réserve de médicaments. Subtil et bien pensé, ce stratagème démontre que Max Payne 3 n'est pas un jeu qui vous prend par la main. A cela s'ajoute une IA compétente qui vous mène la vie dure. Le mode de jeu "Minute New-Yorkaise", consistant à refaire les chapitres avec un compte à rebours d'une minute (chaque ennemis tués redonne quelques secondes) est un cadeau de plus pour les amateurs de défi et de challenge car pour y arriver, il faut se surpasser. D'autant plus que quand les chapitres sont un peu longs, l'erreur est à prohiber car en cas de mort, c'est retour à la case départ. Seuls ceux qui se montreront aussi acharné et suicidaire que Max y arriveront à bout.
Mélancolique et rongé par le chagrin, Max Payne noie son désespoir dans l'alcool, les analgésiques et le sang des malfrats qu'il descend.
L'âme perdue qu'est Max Payne nous entraîne dans une véritable descente aux enfers au coeur de São Paulo, théâtre de complots, de rivalités, de vengeances et d'atrocités en tout genre. Une narration géniale, des dialogues recherchés, une ambiance sombre et un scénario réaliste ponctué de moult péripéties et de rebondissements digne d'un grand polar sont les maîtres mots de ce TPS de Rockstar. Quant au personnage de Max Payne, désespéré, anéanti, aux allures de poète maudit vivant au jour le jour, attendant que la mort vienne le cueillir, c'est la force du titre. Son âme. Sa clef de voûte. Doté de solides arguments, Max Payne 3 est un jeu qui en a dans le ventre et qui a de quoi conquérir les foules. Un de mes jeux de l'année, c'est indéniable.