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jeudi 15 août 2013

[Séries] House of Cards et Vikings, la plume et l'épée

Grand amateur de séries, j'en ai découvert récemment deux nouvelles, diamétralement opposées et toutes deux de bon aloi. La première, House of Cards, est une série politique se déroulant à Washington D.C dans les coulisses du pouvoir, aussi bien exécutif que léglislatif. La seconde, Vikings, narre l'avènement des premiers raids effectués vers l'ouest par les peuples nordiques à bord de leurs fameux drakkars. S'inspirant de personnages et de situations réels, celle-ci possède un certain angle historique intéressant et qui connaît ses limites pour ne pas basculer dans le documentaire intégral. Pourquoi j'ai apprécié ces séries ? Qu'est-ce qui les rend attractives ? Explications.


Synopsis : Frank Underwood, démocrate membre du congrès et whip (le whip est le membre d'un parti politique élu au parlement dont le rôle est de s'assurer que les membres du parti soient présents lors des votes à la chambre et suivent les consignes données par les chefs du parti) du gouvernement à la chambre des représentants a aidé Garrett Walker à devenir président des Etats-Unis en échange de la promesse d'être nommé Secrétaire d'Etat. Mais, juste avant son investiture, le président se rétracte et n'honore pas son engagement. Furieux, Underwood et sa femme Claire (qui comptait sur la nomination de son mari pour développer son groupe d'activistes environnementaux dans d'autres pays) font un pacte pour faire tomber ceux qui l'ont trahi. Afin de mener à bien sa croisade vengeresse, Underwood cherche des pions. Pour cela, il trouve le député de Pennsylvannie Peter Russo, aisément manipulable grâce à ses égards dans sa vie privée, et la jeune et ambitieuse journaliste Zoe Barnes.

House of Cards est une série prenant le taureau par les cornes, dès le début. Il n'y a qu'à voir la première scène pour s'en rendre compte. Un chien se fait heurter par une voiture non loin de la maison de Frank Underwood. Celui-ci sort et accourt pour porter assistance. S'agenouillant au dessus de l'animal souffrant, il souffle "Tout va bien", essayant de le consoler. Puis, il relève la tête, regarde fixement la caméra et s'adresse aux spectateurs : "Il y a deux types de douleur. Le genre de douleur qui vous rend plus fort, et la douleur inutile, le type de douleur qui ne fait que souffrir. Je n'ai aucune patience pour les choses inutiles." Ceci dit, il brise le cou du chien afin d'abréger sa souffrance. L'art de dresser un portrait et d'annoncer la couleur, en tout juste une minute. A cet instant, nous comprenons d'entrée de jeu au moins deux choses. La première est que Frank Underwood, le personnage principal, magistralement interprété par Kevin Spacey, est un homme calculateur, réfléchi, et dangereux. La seconde est le fait qu'House of Cards brise le quatrième mur. Lorsqu'Underwood s'adresse à nous directement, en fixant la caméra, en nous fixant nous, il nous implique, nous entraîne dans son monde et partage avec nous ses pensées, sa façon d'être et ses réflexions les plus intimes sans détours. 

Portée par un casting d'exception (Kevin SpaceyRobin Wright et Kate Mara pour ce citer qu'eux), House of Cards met donc en scène diverses manipulations politiques aux atours de jeux de mots et d'influences. Frank Underwood atteint ses cibles par le biais d'un large répertoire d'action, allant des paroles détournées à l'amitié par intérêt, tout en manipulant ses pions ou en révélant des informations compromettantes sur ses adversaires. Honnêtement, j'ai trouvé cela passionnant. Notamment grâce à un Kevin Spacey jouant remarquablement le rôle de l'homme politique arrogant, excellent orateur, détestable, élitiste, n'hésitant pas à mentir et à faire tout ce qui est en son pouvoir pour arriver à ses fins. Un vrai connard quoi. Mais attention, étant donné que rien n'est jamais tout blanc tout noir, il est honnête avec nous, spectateurs. En brisant ainsi le quatrième mur, en s'adressant souvent à nous de manière si directe et franche, le personnage gagne notre sympathie, tout en conservant notre désapprobation quant à certains de ses actes. Un anti-héros parfaitement nuancé et équilibré. Menteur aux autres protagonistes, honnête avec nous. L'abaissement du quatrième mur a été extrêmement bien approfondi et recherché, aboutissant ainsi à une certaine complicité entre le spectateur et Underwood. Complicité qui, par son existence, nous fait éprouver de l'empathie et nous pousse à espérer qu'il arrivera à ses fins, et ce quels que soient les moyens, aussi détestables peuvent-ils être. Telle est la force de la série. Sa clef de voûte.
J'ai adoré cette série mêlant pouvoir, amitié, trahison, politique, influence...mais avant tout des êtres humains avec leurs relations, chacun poursuivant un but bien précis. Rythmée, originale (bien qu'il s'agisse d'un remake d'une ancienne série britannique que je n'ai pas vu), brillante dans la mise en scène et le rapport avec le protagoniste principal, elle nous fait vivre différentes émotions et nous captive jusqu'à la fin.
   
Le rôle semble avoir été fait pour Kevin Spacey seulement, et personne d'autres, tant il est convaincant dans sa performance. 
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Synopsis : Scandinavie, à la fin du VIIIème siècle. Ragnar Lothbrok, un jeune guerrier viking, est avide d'aventures et de nouvelles conquêtes. Lassé des pillages sur les terres de l'Est, il se met en tête d'explorer l'Ouest par la mer. Malgré la réprobation de son chef, Haraldson, il se fie aux signes et à la volonté des dieux en construisant une nouvelle génération de vaisseaux, plus légers et plus rapides.

Vikings. Avant même de regarder le premier épisode, on peut se faire une idée de ce que l'on pourrait y trouver : des drakkars, des haches, des pillages, des casques à cornes et des barbes. Beaucoup de barbes même. Et pourtant, très vite, ces clichés et préjugés exagérés sont nuancés. Certes, il y a de tout cela, mais ce n'est pas pour autant que les Vikings sont un peuple de barbares dénués de peur, avides de combats comme c'est suggéré dans de nombreux livres et films. 

La série, même si elle s'accorde beaucoup de libertés, possède une dimension historique à ne pas négliger étant donné que les personnages principaux ont réellement existés. Vikings narre la découverte et la conquête de l'ouest par les guerriers Scandinaves avec comme pionnier Ragnar Lothbrok, un simple fermier ambitieux attiré par les rumeurs de richesses et de nouveaux peuples. La série, loin de basculer dans le documentaire historique pur et dur ne montre pas la vie de Ragnar telle qu'elle était précisément (si vous voulez jeter un coup d'oeil sur biographie approximative, c'est ici ou ) mais s'attache à décrire de nombreux évènements propres au quotidien des Vikings et met en scène des situations auxquelles Ragnar Lothbrok a sûrement participé.

Avec Vikings, c'est ainsi l'occasion d'en apprendre plus sur ce peuple expansionniste qui, à l'évocation de son nom, nous fait automatiquement penser à des mots à connotations négatives tels que "barbares", "brutes" ou encore "pilleurs". Loin des stéréotypes de belligérants païens assoiffés de violence et de destruction, les personnages s'attachent à nous faire découvrir les rites, moeurs et croyances de ce peuple fier, animé par de nombreuses valeurs. Les performances des acteurs sont plus qu'honorables et permettent de nous identifier à eux facilement, notamment Ragnar (heureusement), très bien interprété selon moi par Travis Fimmel. Il est posé, patient, réfléchi et ne surjoue pas, surtout pour les scènes de combat. Autre acteur mémorable : Gustaf Skarsgård, endossant le rôle de Floki, un ami proche de Ragnar à l'attitude gentiment délurée à qui l'on prête une attention particulière dès sa première réplique. 

Vikings est donc une série pour laquelle j'ai très vite éprouvé beaucoup d'intérêt. Vivement la prochaine saison car j'ai hâte de voir jusqu'où Ragnar va aller avec son ambition sans limite, hâte d'en découvrir plus sur ce peuple, et surtout, hâte de revoir le générique de la série, que je trouve tout bonnement excellent (à voir ici).
   
Réfléchis, organisés, efficaces, les Vikings ne sont pas du genre à foncer dans le tas sans sécurité et sans précipitation excessive. Encore un préjugé de balayé.

jeudi 19 juillet 2012

[Coups de coeur] The Killing, une série pas comme les autres

Il y a des séries qui vous empoignent, qui vous font voyager et qui ne vous laisse pas indifférent. Leur force est tellement puissante que vous devenez vite dépendant, dévorant chaque instant avec une furieuse volonté de connaître la fin. Néanmoins, cette volonté est teintée bien souvent d'une crainte que cela ne se termine trop vite. Torrents d'émotions et océan d'obsession sont ce qui découlent de ces séries, malheureusement trop peu nombreuses. The Killing, avec son atmosphère si particulière, en fait partie. Sombre. Pluvieuse. Profonde. Un de mes plus grands coups de coeur en terme de séries, rivalisant même avec ce bon vieux Dexter et Homeland, que j'aimerais vous faire découvrir aujourd'hui. Croyez-moi, elle vaut le détour.


Synopsis : A Seattle, sur fond de campagne électorale, les inspecteurs Sarah Linden et Stephen Holder enquêtent sur le meurtre d'une adolescente, Rosie Larsen. Son corps a été découvert mutilé dans le coffre d'une voiture de campagne de Darren Richmond, conseiller municipal et candidat face au maire sortant. Peu à peu, le duo atypique cernent la personnalité de Rosie tandis que les masques tombent parmi ses proches.

Jeudi dernier, je partais pour cinq jours chez de la famille. Le trajet n'étant pas court, il me fallait quelque chose en plus de mes bouquins pour passer le temps. Il me fallait une série. C'est ainsi que je suis tombé par hasard sur The Killing. Après avoir lu le synopsis, je me suis pris la première saison, sans vraiment savoir précisément dans quoi je mettais les pieds mais de toute façon, même si je n'accrochais que moyennement, elle me ferait au moins passer le temps. Jeudi matin, aux alentours de 9h30, après déjà 1h de trajet, je me suis lancé dedans. Jeudi matin, j'ai commencé une série captivante, unique et qui frappe fort, très fort. Jeudi matin j'ai commencé The Killing, une série que je ne risque pas d'oublier de si tôt, je vous l'assure.

Le première saison s'ouvre sur un double épisode. Dès le départ, le décor est planté. Une Seattle grise, terne, plongée dans un automne où la pluie est omniprésente, tantôt par averses diluviennes, tantôt par bruines semblant pétrifier l'air. Oppressante. Morose. Dramatique. L'ambiance qui enveloppe la série est comme un cocon. Dure, mais d'une incroyable finesse, renfermant un papillon d'une beauté aussi renversante que tragique. Ce dernier représente ainsi le scénario, avec ses dialogues, ses protagonistes et ses mises en scènes très réussies. L'enquête que mènent Sarah Linden, flic sur le départ mais qui se résigne à rester jusqu'à ce que le coupable soit appréhendé, et Stephen Holder, son remplaçant, est riche en révélations, action et scènes où les deux personnages, diamétralement différents, se rapprochent l'un de l'autre. Au fil des épisodes, les deux inspecteurs vont peu à peu cerner la personnalité de Rosie tandis qu'ils apprennent à mieux se connaître eux-mêmes. Ce qu'ils veulent, réfléchir sur leur propre vie, leur raison d'être.

     
Sarah Linden et Stephen Holder, interprétés respectivement avec brio par Mireille Enos et Joel Kinnaman.

Parallèlement, nous suivons également le triste quotidien de la famille Larsen, accablée par le chagrin et le désespoir. Au fur et à mesure, cette famille va devoir encaisser les retombées médiatiques du drame. D'autant plus qu'ils vont se rendre compte qu'ils ne connaissaient pas si bien que ça leur chère "baby girl". Plusieurs instants, dénués de paroles, sont chargés en émotions, et le brillant jeu des acteurs nous émeut à maintes reprises. 

Enfin, dernière strate de l'ensemble : l'élection municipale. A partir du moment où la victime va être retrouvée dans le coffre d'une des voitures de la campagne de Darren Richmond, candidat opposé au maire sortant, lui et son cercle de collaborateurs vont être liés à ce sinistre meurtre, pouvant mettre en péril son élection. Ainsi, loin d'être un cas isolé, le meurtre de Rosie Larsen va accaparé l'attention de la ville entière pendant de nombreux jours. De fil en aiguille, de suspects en suspects, la première saison se termine sur un cliffangher aussi surprenant que magistral, ne donnant qu'une envie au spectateur : découvrir au plus vite la suite dans la deuxième saison. 

Riches en moments intenses, The Killing est loin d'être linéaire et monotone. Bien au contraire, le rythme est soutenu tout au long de la saison. Aucun temps mort n'est à déclarer, les évènements s'enchaînent facilement et logiquement. Une chose est sûre : les scénaristes aiment jouer avec le spectateur en le faisant douter à moult reprises. Avec The Killing, nous sommes bien loin d'une série policière ordinaire où les enquêtes sont résolues en un épisode. Ici, c'est progressif, long, réaliste. Plus on avance dans la série, mieux on cerne les différents protagonistes. On finit par les connaître, devinant parfois à l'avance certaines de leurs réactions. The Killing bénéficie d'une grande profondeur.

    
Broyant du noir, la mère de Rosie Larsen est tourmentée. Darren Richmond quant à lui tente de ne pas perdre l'élection, tout en restant intègre face à ces évènements.

Si je devais décrire The Killing en quelques phrases ce serait : Voilà une série pas comme les autres, qui vous prend à la gorge, sans prévenir, et qui ne vous laisse aucun répit jusqu'à la fin. Prenante, happante, transcendante, cette série est une fleur magnifique aux racines sombres et pluvieuses. Dirigée d'une main de maître, extrêmement bien ficelée, l'intrigue ne souffre d'aucun temps mort. Le jeu des acteurs est efficace. Cette tragédie les change tous progressivement et leurs émotions sont palpables, tout comme la tension quasi omniprésente. Au final, The Killing est un immense coup de coeur. Un coup de coeur comme je n'en vois que trop rarement. J'espère donc vous avoir donné envie de découvrir cette série par vous même, qui, croyez-moi, vaut largement le détour !